Lettre ouverte à Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République

 

"Monsieur le Président de la République,

Il n’est pas commun, pour les acteurs du monde étudiant que représentent les signataires de s’adresser directement au Président de la République.

Néanmoins, les associations, mutuelles et entreprises que nous représentons, impliquées dans la vie et le logement des étudiants ont décidé de rompre leur habituelle discrétion, motivées tant par l’urgence liée au contexte issu de la pandémie que par leur volonté de vous proposer la mise en œuvre de solutions efficaces à destination des étudiantes et étudiants que nous protégeons, accompagnons et logeons dans nos résidences.

Dans le prolongement de la tribune initiée par Madame Muriel Pénicaud, signée par certains d’entre nous et appelant à la réunion d’États Généraux de la Jeunesse, il nous a semblé nécessaire également de repositionner l’action dans un court terme afin de ne pas prendre le risque de laisser une situation s’aggraver et ainsi obérer toute chance de réussite d’une réflexion profonde qui se fera forcément dans un temps plus long.

Nous réaffirmons qu’aujourd’hui, la détresse sociale des étudiantes et des étudiants de notre pays constitue bien une urgence vitale.

Cette détresse, de multiples origines, se manifeste sous de multiples formes, pécuniaires, matérielles, psychologiques, …

Elle s’accélère, aussi, en ce premier trimestre 2021, sur l’ensemble du territoire métropolitain et dans les territoires ultramarins. A l’issue du premier confinement, 24% des jeunes interrogés à l’occasion du rapport de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) jugeaient déjà leur alimentation insatisfaisante. Face à cette situation, les organisations étudiantes, nationales comme locales – en premier lieu desquelles la fédération FAGE – ont à maintes reprises alerté l’opinion et les pouvoirs publics sur la montée de cette détresse étudiante.

Il est désormais attesté que 46% des étudiants travaillent pendant leurs études (enquête OVE 2017), dont la moitié dans le cadre d’une activité faisant partie intégrante de leur cursus (stage, apprentissage, internat hospitalier…).

L’autre moitié, en revanche, exerce des emplois qualifiés de ″jobs étudiants″, réguliers ou occasionnels, dont les revenus sont destinés à la vie courante et aux produits et services de première nécessité (loyer, alimentation, santé…) plutôt que des revenus d’agrément. Ces emplois, souvent à durée déterminée et à temps partiel, souvent peu qualifiés également, ont été les premiers à disparaître dès les premiers temps de la pandémie.

Parallèlement, les mesures fortes prises par le Gouvernement pour soutenir les salariés n’ont eu, contraintes techniques obligeant, qu’un effet limité pour les étudiants.

C’est donc un triple impact – pour ne pas dire une triple peine – dont pâtissent les étudiants, confrontés à la fois à la contraction de leur vie pédagogique et sociale, à la chute de leurs revenus et à l’incompressibilité de leurs dépenses indispensables, voire de première nécessité.

Dans ce contexte, il nous paraît erroné et très limitatif de considérer que la crise sociale étudiante, très massivement partagée par cette classe d’âge, touche uniquement les jeunes logés au sein du parc des Crous.

Par confort sinon routine consensuelle, le Ministère de l’enseignement supérieur, un Gouvernement après l’autre et sous ses différentes appellations, a pris la mauvaise habitude de s’adresser exclusivement à l’opérateur public - le Cnous - lorsqu’il s’agit de prendre des mesures et de faire des annonces.

La récente annonce portant sur le blocage de l’indexation des loyers dans les résidences CROUS en est un exemple.

Il nous apparait nécessaire de sortir des schémas traditionnels, de décloisonner et de faire bouger les lignes.

C’est la « Nation étudiante » qui a besoin du soutien de la République, pas une partie ou l’autre d’elle.

Monsieur le Président de la République, cette lettre ouverte a pour objectif de solliciter votre soutien pour la mise en place de mesures s’adressant à l’ensemble de la population étudiante, prenant en compte la crise sociale qu’elle affronte et en tout premier lieu le logement.

1/ le gel de droits d’inscription dans tous les établissements, publics et privés, délivrant un diplôme reconnu ou autorisé par l’État, y compris les CPGE, les STS et les diplômes d’université et quel que soit le ministère de rattachement (Agriculture, Culture, Enseignement supérieur, …)

2/ une minoration temporaire de 15% TTC du coût du logement dans les résidences pour étudiants (publiques et privées).

3/ la création d’une Médiation de Vie et d’Etude

Ces mesures sont détaillées dans les fiches techniques jointes.

Elles sont simples à mettre en œuvre, s’appuient sur un effort de l’ensemble des acteurs intervenant dans la vie étudiante, État, établissements privés et publics, bailleurs publics et privés, …

Enfin, nous avons soumis ce courrier à la signature de personnalités du monde de la vie étudiante en cherchant à rassembler le plus largement.

 

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre très haute considération. "

 

Premiers signataires (par ordre alphabétique des organismes) :

 

Aurélien Cadiou, Président de l’Association Nationale des Apprentis de France (ANAF)

Maxime Renault, Président du Bureau National des Elèves Ingénieurs (BNEI)

Jean-Philippe Trédé, Directeur Général de Fac-Habitat

Flavien Lecomte-Chebret, Président de la Fédération Nationale des Etudiants en sciences exactes, naturelles et techniques (FNEB)

Samuel Collaudin, Président de la Fondation Smerra Initiatives Etudiantes

Xavier Bouchet, Président de l’Office National du Logement Etudiant (ONLE)

Lionel Lérissel, Directeur de l’Office central d’accueil et de Services Etudiants (OSE)

Baptiste Mougeot, Président de la SMERRA

Lise Le Bouille, Présidente de l’Union Nationale des Etudiants en Architecture et Paysage (UNEAP)

Roxane Nanot, Présidente de l’Union Nationale des Etudiants en Droit, Gestion, AES, Sciences Économiques, politique et sociales (UNEDESEP)

Nicolas Delesque, Directeur de la rédaction d’Universités et Territoires

 

Consulter l'intégralité de la lettre ouverte et des notices techniques