Médias d’informations : savoir garder son esprit critique
73% des étudiants* déclarent consulter l’actu au moins 1 fois/jour sur les réseaux sociaux ... avant même les applications ou les sites d’informations.
55% des étudiants estiment que Facebook est un moyen important pour accéder aux infos
85% des jeunes déclarent cliquer fréquemment ou assez souvent sur des liens d’infos qu’ils croisent sur Facebook
*Étude sur des étudiants de 18 à 24 ans : Observatoire du webjournalisme depuis 2014
Les réseaux sociaux ne servent plus seulement à communiquer avec ses amis ... il est forcé de les considérer comme de nouveaux médias d'actualités, si ce n'est d'information. Pour autant, bon nombre de sites relayés sur ces réseaux ne sont pas fiables et peuvent orienter nos opinions de façon subjective.
Il est donc important de garder un esprit critique face à toutes ces informations, et de se méfier de quelques éléments.
Le cadrage d’une image
Lorsqu’un article présente une image, celle-ci est peut-être (re)cadrée et ne montrer qu’une partie choisie de la scène. Ainsi, certains éléments peuvent être sélectionnés pour apparaître et d’autres exclus. On peut avoir tendance à oublier le contexte dans lequel s’inscrit une photo pour ne considérer que ce qui est visible.
Lorsque l’ensemble de la scène n'est pas visible, notre imaginaire va se baser sur les éléments qu’il a à sa disposition et construire ce qu’il ne voit pas de façon orientée, dans la direction des éléments qu’il possède. L’opinion à propos d’une situation peut se forger sur la base de cet imaginaire et des perceptions qui en découlent.
Par exemple, un article d’informations qui traite d'une manifestation :
- Un cadrage large pourra nous montrer une foule de participants qui déambulent et l’article mettra ainsi en avant le nombre de personnes présentes.
- En revanche, un cadrage focalisé sur une scène de violence avec des projectiles en 1er plan, montrera de manière plus importante la confrontation avec les forces de l'ordre.
Notre avis concernant ce type d’événement s’en voit ainsi orienté. Soit vers le sentiment d’un engagement solidaire pour une cause, soit vers l’idée que les manifestations engendrent du troubles à l’ordre public.
Le montage
Lorsque des éléments sonores et/ou visuels sont combinés ou juxtaposés, ils s’enrichissent les uns et les autres. Les sons et les images articulés ensemble, nous permettent de relier des situations ou des éléments et de les articuler ensemble, ou à l’inverse, de les distinguer ou de les dissocier. Il est donc important de bien se rendre compte de ces montages afin de pouvoir garder un oeil critique (positif ou négatif) sur le sujet abordé.
Pourquoi les médias utilisent-ils ces stratégies ?
Avant toute chose, précisons bien que l’objectif premier des médias est d’informer et de partager un savoir. Leur but est de créer des articles qui soient crédibles et indéniables dans une volonté d'information. tout en ayant pour objectif de capter votre attention. Cependant, sur le web et les réseaux sociaux, une multitude de contenus sont diffusés et les médias doivent se démarquer ! Ainsi, pour capter notre attention et attirer un maximum de personne à consommer son information plutôt qu’une autre, le journaliste va essayer de susciter des émotions et des sentiments, en jouant sur des effets et la mise en scène de l’information.
Pour s’informer de la manière la plus objective possible et ne pas être biaisé par ses émotions, il est important d’être attentif à tout cela pour ne garder que les faits réels : l’information concrète.
Pour éviter de voir ses ressentis et opinions orientés par ce que l’on perçoit, il est préférable de multiplier les différentes sources d’informations. Une même nouvelle rapportée par deux journalistes ou médias différents peut nous aider à nous forger une opinion plus objective et plus réaliste. Multiplier les sources d’informations vous permettra également de rassembler plus de faits réels, ce qui pourra vous aider à repérer les éléments de manipulation d’image ou de texte.
Pour chaque élément d’information que vous consultez :
- demandez-vous si les éléments visuels et textuels (et leur association) n’ont pas été travaillés afin de provoquer une émotion particulière ;
- demandez-vous aussi ce que cela provoque chez vous et si cela n’oriente pas inconsciemment votre jugement ;
- de manière générale, portez un regard critique sur ce que vous lisez afin de déterminer si la source est fiable.
Informations manipulées ou fausses informations : quelques conseils pour garder l’esprit clair
1. Comprendre que NOUS ne pouvons pas tout maîtriser
Lorsqu’une situation est incomprise, le cerveau se met en quête de nouveaux renseignements qui lui permettraient de ne pas se sentir menacé. Nous allons donc avoir tendance à chercher de l’information et du détail. Dans nos recherches, les gros titres et les images vont amplifier l’idée qu’il y a une urgence, un danger et perpétuer un état de stress par rapport à l’absence d’information suffisante. Les émotions provoquées par les médias d’informations peuvent s'ajouter à ce stress et générer des sentiments ou perceptions encore plus inconfortables. Ainsi, il convient d’être vigilant à l’importance accordée aux éléments recueillis et à accepter que parfois, certains éléments peuvent échapper à notre maîtrise ou notre compréhension. Parfois, le temps ou les discussions ouvertes avec nos proches permettent d’apaiser la frustration liée à ces zones d’incompréhension.
2. Choisir les sources D'INFORMATION avec précaution
Pour obtenir une information exacte, il faut être attentif aux sources et à l’endroit où l’on obtient ces informations. Les images alarmistes et le sensationnalisme captent notre attention, mais il convient de se rapporter avant tout aux faits. Par exemple dans le domaine de la santé, les organisations telles que Santé Publique France ou l’Organisation Mondiale de la Santé, présentent des renseignements sûrs, vérifiés et factuels. Sur internet et sur les réseaux sociaux, il est facile de partager un article d’information basé sur une rumeur ou une fake-news.
3. Considérer la valeur pratique de l’information
Si un article d’information propose une image, il faut être vigilant au contexte dans lequel elle s’inscrit. Par exemple en se demandant pourquoi le journaliste a choisi de nous montrer un élément plutôt qu’un autre ou de cadrer la photo de cette manière, ...
4. Avoir conscience du pouvoir des mots
Parfois, des tournures de phrases peuvent accentuer un fait. C’est pourquoi il faut s’interroger sur les éléments qui peuvent déclencher une émotion. Par exemple, si un média parle d'une une infection qui « monte en flèche », cela peut déclencher une anxiété : la tournure de phrase suppose une croissance en pleine lancée qui peut faire peur. Si le terme « augmente » avait été utilisé, cela aurait pu générer moins d'anxiété. L’objectif dans la lecture ou le visionnage d'info, est de focaliser son attention sur le message et les éléments pratiques à retenir, sans accorder trop d’intérêt aux propos sensationnalistes.
5. Se fixer des limites à la consommation d’information
Plus nous entendons parler d'une information, plus on y pense ! Lorsqu’un événement fait beaucoup parler, les nouvelles informations sont produites et diffusées en continu, ce qui n’aide pas l’esprit à se reposer pour faire le tri entre toutes les données et démêler le vrai du faux. Pour répondre à cela, il est préférable de limiter son accès à l'info : une fois par jour par exemple, pour se laisser le temps d’y penser, d’en parler, de se faire un avis et même d’en changer !
Quelles que soient vos sources d’information, seul votre esprit critique et votre recul sur la situation vous permettra de vous forger une opinion fiable. Vos échanges avec vos proches ou votre famille vous seront également utiles pour consolider ou adapter vos avis et ce quel que soit le sujet de conversation !